Marèges : l’Art Déco au service de la puissance hydraulique

2 Sep 2025

Marèges : l’Art Déco au service de la puissance hydraulique

En 1935, au cœur des gorges de la Dordogne, surgit un chef-d’œuvre d’ingénierie et d’esthétique : l’usine hydroélectrique de Marèges.

Conçue dans un style résolument Art déco par l’architecte parisien Louis Brachet, cette usine incarne l’alliance parfaite entre modernité technique et audace artistique. A l’occasion du centenaire de l’Art Déco, la SHEM vous emmène à la découverte de cette merveille architecturale. 

Une vision architecturale novatrice et affirmée

À une époque où l’hydroélectricité devient le symbole de l’indépendance énergétique française, Marèges ne se contente pas d’être un ouvrage fonctionnel. L’usine est pensée comme une vitrine de la modernité. Elle doit impressionner autant par sa puissance que par son esthétique. C’est pourquoi la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans fait appel à des artisans prestigieux pour orner l’édifice, transformant un site industriel en monument d’art. 

Louis Brachet, architecte de l’usine revendique une architecture expressive, où la forme sublime la fonction

« L’usine ne doit pas seulement produire de l’électricité, elle doit aussi incarner la puissance tranquille de la République industrielle. » — Louis Brachet

 Louis Brachet imagine un bâtiment où le décor tient une place centrale : carreaux de céramique, verres colorés, ferronneries stylisées… chaque détail reflète l’élégance géométrique et la rigueur formelle propres à l’Art déco. 

« Le béton est notre marbre moderne. Il permet de sculpter l’énergie. » — Louis Brachet

Cette approche architectural Art Déco transforme l’usine en un véritable monument industriel, où chaque détail — des façades aux volumes intérieurs — reflète une volonté de grandeur et d’harmonie.

Un barrage pionnier dans l’histoire de l’hydroélectricité

L’ensemble hydroélectrique de Marèges ne se distingue pas uniquement par son architecture. Il est aussi le théâtre d’innovations majeures portées par l’ingénieur André Coyne, qui y conçoit son premier barrage voûte à double courbure — une première en Europe — et y expérimente une première mondiale, un évacuateur de crue en forme de saut à ski, une prouesse technique qui deviendra sa signature et sera répliqué à l’envi sur tous les autres barrages à travers le monde. 

« Il fallait que l’usine soit à la hauteur du barrage : une cathédrale de l’énergie. » — Louis Brachet

Un héritage méconnu mais précieux

Malgré son importance historique et technique, Marèges reste peu connu du grand public. Pourtant, son architecture et ses innovations en font un jalon essentiel du patrimoine industriel français.

L’usine, située en contrebas du barrage, est alimentée par des galeries souterraines et des conduites forcées, illustrant une maîtrise exceptionnelle des contraintes géographiques et hydrauliques. Avec ses alternateurs, turbines et régulateurs de vitesse, elle incarne la puissance industrielle de l’époque, tout en restant fidèle à une esthétique raffinée. 

Un patrimoine vivant

Aujourd’hui encore, Marèges fascine. Âgé de près d’un siècle, le site reste un modèle d’innovation et d’intégration paysagère. Il témoigne de l’ambition d’une époque où l’architecture industrielle pouvait être aussi majestueuse qu’un palais, aussi expressive qu’un théâtre.

À l’heure où l’Art déco célèbre ses 100 ans, Marèges s’impose comme un jalon incontournable de ce mouvement en France. Il rappelle que l’énergie peut être belle, et que l’ingénierie, quand elle s’allie à l’art, devient patrimoine.

« Si l’on oublie Marèges, on oublie que l’industrie peut être belle. » — Louis Brachet

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